La troisième roue du carrosse

Les deux Scarabouils ont deux ans un mois et deux jours d'écart. En conséquence, au fil du temps, le deuxième a expérimenté certaines choses un petit peu en avance, au prétexte que, deux ans, ce n'est pas grand chose et qu'on allait pas le laisser systématiquement de côté quand on faisait telle ou telle activité avec son aîné.

La Grenabée et le plus grand Scarabouil ont, eux, 5 ans d'écart. Autant dire toute une vie de différence, puisque cette année, le premier a le double de l'âge de la dernière.

Pour elle, nous n'avons pas eu le même raisonnement que pour le cadet. Au contraire, nous souhaitions lui donner le temps de vivre sa prime enfance pleinement et à son rythme. C'est ainsi que nous avons commencé à la confier à l'une ou l'autre de ses grands-mères quand nous prévoyions une excursion de "grands" en famille (réduite) avec ses frères. Nous avons également instauré notre système d'équipes, sans nous en rendre compte, qui consistait en l'équipe des garçons, qui par exemple allait voir des films de grands et celle des filles, qui se contentait parfois de rester à la maison en attendant.

Insidieusement, la benjamine a finalement été "mise de côté" plus souvent qu'à son tour. Sa force, qui a alimenté notre faiblesse, est qu'elle est celle des trois qui a la meilleure capacité à s'occuper seule, pendant des heures, sans réclamer la compagnie de quiconque. Du coup, nous n'avons pas forcé les choses. D'ailleurs, pour beaucoup de choses, elle se montre bien plus débrouillarde que ses frères au même âge.

Bref, il me semble que nous traitons parfois notre grandette comme la troisième roue du carrosse.

Voilà la réflexion que je me suis faite hier alors que je prenais enfin le temps de lui apprendre à faire du vélo sans stabilisateurs, elle que l'on cantonnait à la draisienne depuis des années malgré ses demandes répétées. Et dire que cela ne m'a pris qu'une heure...