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La tête du lapin bleu

Il paraît qu'on reconnaît le bonheur au bruit qu'il fait quand il s'en va...
Ava, elle, se sent heureuse et savoure son bonheur quotidiennement. Elle a rencontré Léo à la fac, qu'elle a tout naturellement épousé alors qu'ils allaient avoir des jumeaux. Et tout aussi naturellement, elle a abandonné ses études pour se consacrer à ses enfants et son mari, sans se poser la moindre question sur l'avenir. Son bonheur est tout tracé.

Mais son bonheur se fracasse brutalement contre un camion, au détour d'un virage, et son univers rassurant se noie dans les profondeurs d'un lac de montagne.

Au premier abord, on se dit : quel courage face à toute cette adversité ! En réalité, Ava ne se bat pas. Elle ne s'est jamais battue et n'a pris que de mauvaises décisions, ou du moins, des décisions cédant à la facilité immédiate, prises sur des coups de tête. Et elle n'assume pas les conséquences de ses actes. Elle se laisse porter par les évènements sans jamais avoir l'air d'avoir une prise quelconque sur eux. Et de mauvaises décisions en mauvaises rencontres, elle descendra, doucement mais sûrement, aux enfers.

Elle reproche à tous, sa famille et le corps soignant, de ne pas savoir comprendre sa douleur physique et sa souffrance morale. Elle ne supporte pas qu'on mette en cause ses réactions face à la tragédie, pour autant elle n'accepte pas celles de son fils, et lui en veut même pour cela. Ava est une femme égoïste et égocentrée, qui ne tient que peu compte des sentiments d'autrui. Ce n'est pas de courage dont elle fait preuve mais de négligence, envers les autres mais surtout elle-même. Et si au moment du drame qui bouscule brutalement sa douceur de vivre, l'émotion et la compassion m'ont étreinte, au fil de ses mauvais choix et des signes flagrants de sa bêtise (n'ayons pas peur des mots), j'ai perdu toute empathie pour elle, sentiments que j'ai reporté sur son entourage. Évidemment, mon jugement est sévère car Ava a surtout sombré dans la folie. Or, la folie est une maladie et non un trait de caractère. Mais j'ai maintes fois eu envie de la secouer vivement par les épaules pour lui ouvrir les yeux...

Les révélations sur le mari d'Ava, selon moi, n'apportent pas grand chose au récit, d'autant moins qu'elles ne sont pas développées par la suite. Tout au plus, elles accablent un peu plus l'héroïne, mais bien peu en comparaison de tout le reste. Néanmoins, pour mon mari, qui a découvert ce roman le premier, la petite histoire de Léo permet de penser que même sans l'horrible accident de la route, l'héroïne aurait de toute façon sombré avec la même violence et la même démesure quand son mari l'aurait quittée, inévitablement.

L'auteur, Wendall Utroi, est indépendant, certes. L'auteur est surtout talentueux. Son écriture est rythmée, ce qui rend le récit vivant et prégnant. Il excelle à employer des images saisissantes qui s'adressent plus au cœur qu'à la tête de son lecteur. Ce style particulier fait ressentir au lecteur des émotions diverses, et surtout vives. On ne peut rester insensible, que que soit son penchant, à cette histoire. C'est pourquoi j'ai beaucoup aimé m'immerger dans ce roman, même si je n'ai pas toujours eu de bons sentiments pour son héroïne.

A lire d'urgence ! (sauf si on n'a pas le moral...)

 

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À propos
Nanie

Femme de prof, mère de deux Scarabouils et d'une Grenabée, je dépose ici les aléas et anecdotes qui feront les souvenirs de notre vie de famille
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F
Je le mets de côté pour le retour des beaux jours alors, car en hiver, il me faut des choses légères.
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W
Mille mercis pour cette magnifique chronique qui me va droit au cœur !
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