Magasin n°2 : L’empire du M….
En vis-à-vis de l’Espace du M..., l’Empire du M… fut aussi redoutable, si ce n’est plus.
Tout d’abord un garde était posté à l’entrée : « Ty t'intiresses aux costumes ? Ty rentres dans mon magasin, ty verras plein de beaux costumes. ». Aussitôt je me lançai : « D’accord ! ».
Nous suivâmes notre hôte dans un grand hall où siégeaient des mannequins de plastique arborant de fiers apparâts évoquant des habits de cérémonie. Nous ne vîmes alors le traquenard que lorsque nous dûmes monter un escalier en colimaçon nous amenant à l’étage supérieur. Nulle retraite n’était désormais possible. C’est ainsi que nous subîmes le premier assaut :
- « Kess ty veux comme costume ? ».
- « Heu, Bleu ! »
- « Aïgaaaa ! Ma mère…. C’est noir ki t’ faut ! »
Un lourd sentiment de déjà vu s’empara de moi. Je vous passe la suite. Le vendeur revint avec un costume sans praïce. Cette fois, super moche. Dix fois trop large pour moi et d’une qualité plus que douteuse. Mais selon le vendeur : « C’y l’plus beau costume di quartier ! T’y trouveras pas mieux ! »
Ma mère : « Heu... vous ne trouvez pas qu’il tombe mal ? »
- « Aïe Aïe Aïe ! Kes t’y m’chante. Waïaaaaa ! Moi j’ly aurait donné un costume ki n’irait pas ? Ma mèèèèère ! » (Mais qu’est-ce qu’ils ont tous à la fin, avec leur mère ?)
- « S’ki faut, si ty l’cintrer, après ça ira tout seul. J’ty l’jure ! La vérité ! »
C’est alors que ma mère fit une grave erreur stratégique : « Et pour le prix ? C’est combien ? »
Ni une ni deux le vendeur riposta : « Ty te détends. Ty t’occupes pas di praïce. »
Ma mère (faisant la 2ème erreur stratégique) : « Ben si quand même ! »
Moi : « Heu… Je le voulais bleu mon costume...»
Le vendeur (de plus en plus agressif) : « Y s’ra bon le praïce. Ty t’occupes pas. Moi si jy vends, si jy vends pas, jy m’en fous. Di toute façon, jy vends tout l’année di costumes à tout l'monde. Si ty veux pas mon costume, ty prend pas ; si ty veux, ty prends. Moi tout ske j’ty dis c’est que le praïce, il est bon... » etc. etc. etc. etc…….
Bref, qui aurait pu douter qu’il sorte un tel bagou de destructions massives anéantissant peu à peu nos cerveaux ? Nous n’eûmes qu’une seule alternative : battre en retraite et fuir loin de l’Empire pour mener notre ultime combat !