4 Janvier 2024
Retour aux définitions, rubrique en sommeil depuis des lustres, décembre 2020 plus précisément, où il était déjà question de la qualité de mon sommeil (la preuve, ici).
1. Le sommeil, donc, selon mon petit Larousse préféré, est en premier lieu "un état physiologique périodique de l'organisme pendant lequel la vigilance est suspendue et la réactivité aux stimulations amoindrie".
Par extension directe, le sommeil désigne également le besoin de sommeil. Et en effet, à force de dormir peu, sans aller aller jusqu'à dire "dormir mal", on répète assez souvent "J'ai sommeil.", voire "J'ai tellement sommeil.", à tel point qu'à la moindre réunion mal ficelée, on finit par s'assoupir, céder à la somnolence ou roupiller pour de bon, sans en avoir l'air évidemment parce qu'on est bien élevé.
2. Au sens figuré, on peut employer le mot pour nommer un état d'activité ralentie ou nulle. Cela s'applique aussi bien à une entreprise qu'à un végétal qui se mettent en sommeil l'une pour faire, par exemple, le dos rond face à une situation de crise et l'autre en attendant des jours plus propices à son développement (à ce propos, je viens de faire la connaissance du terme "nyctinastie", de toute beauté).
3. "Sommeil" est employé dans quelques expressions comme :
Mon sommeil, à moi, est depuis l'origine de mes temps plutôt léger et bref. Je suis une matinale, habituée de l'aurore, levée au plus tard avec le soleil. D'ailleurs, les vacanciers des hôtels où j'ai séjourné petite fille avec mes parents en gardent un souvenir assourdissant, à cause non pas de mes cris mais de du bruit joyeux de mes jeux (un exemple au hasard, ce fameux chien à roulettes qui défiait quotidiennement les capacités phoniques des lieux et la patience des hôtes).
En grandissant, j'ai continué à me lever dès potron-minet tout en me couchant de plus en plus tard, révisions, dissertations et lectures obligatoires obligent. Entre les deux, le sommeil restait léger mais réparateur, sans mauvaise influence sur mon humeur, toujours égale (de toute façon, je me levais traditionnellement du pied gauche). En vieillissant, le sommeil est devenu plus chaotique... le travail stressant, les enfants en bas âge, les mille vaines pensées, les contrariétés et les petits bobos n'arrivaient plus à se mettre en sommeil. En vieillissant encore davantage (ce n'est pas une chose qui va en s'arrangeant), je suis capable de tomber de sommeil à 20h30 un jour comme de veiller jusqu'au milieu de la nuit le lendemain. Ce qui reste invariable, voire inexorable, c'est le réveil précoce, avant les poules et le soleil. Je me lève si tôt que même la chienne ne daigne pas lever la tête de son panier pour me saluer le matin. Entre les deux, les réveils nocturnes sont nombreux, les insomnies aussi (merci à mon cerveau en éveil quasi-permanant et accessoirement aux bouffées de chaleur). Mon humeur quotidienne est devenue exécrable, comme on devait s'y attendre.
Que penser aussi de ces soirs où, tombant pourtant de fatigue, je résiste au sommeil, histoire d'avoir un loisir et l'impression que mes journées ne se résument pas à mon seul travail ? Ou de ces autres moments où je me couche parce qu'il est temps et qu'il faut être raisonnable alors que je n'ai pas du tout sommeil et que je sais que je vais passer de longues minutes, voire des heures, à tourner et retourner mon corps dans mon lit et des pensées plus ou pertinentes dans a tête ?
Dans mes élucubrations nocturnes sur la mauvaise qualité de mon sommeil m'est apparu en grandes lettres lumineuses : "le sommeil du juste". C'est qui, ce juste, au juste ? Selon le dictionnaire de l'Académie Française, le juste est celui "qui observe exactement les devoirs de la religion, qui unit la piété à la vertu." La demeure des justes, c'est le Paradis. Et cet être vertueux jouit d'un "sommeil paisible, qui n'est troublé par aucun remords." Il en a, une sacrée chance !
Alors d'accord, j'ai un peu perdu le chemin de l'église mais je ne pense pas non plus être un contre-exemple de vertu. Globalement, il me semble que je suis plutôt bien disposée à faire le bien autour de moi: faciliter la vie de famille, faire preuve de souplesse au travail, encourager les élèves, se montrer disponible et à l'écoute... Bien sûr, dans certaines situations, je me laisserais bien tenter par le côté obscur de la force. Mais, à ce jour, je n'ai encore suspendu personne par les pieds, le visage enduit de miel, juste au-dessus d'une fourmilière. Seraient-ce ces mauvaises pensées qui m'empêchent de bénéficier de ce sacro-saint sommeil du juste ? En tout cas, je trouve la punition un peu trop sévère à mon goût. Et en attendant, je n'ai pas de solution miracle pour bénéficier enfin d'un meilleur sommeil.
Femme de prof, mère de deux Scarabouils et d'une Grenabée, je dépose ici les aléas et anecdotes qui feront les souvenirs de notre vie de famille
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