Dans le port d'Amsterdam

Ou plutôt celui de Rotterdam.
Bref, quelque part aux Pays-Bas.

Ce matin, à 5h58, j'ai abandonné mon 15 ans 7 mois et 7 jours dans la nuit noire et glacée humide. A peine un "au revoir" bref et retenu avant de descendre de la voiture pour attendre les professeurs et le car sous une pluie battante. Un non moins bref coup d'œil m'assurant qu'il avait bien retrouvé ses amis, avant de m'en retourner vers mon petit-déjeuner.

Durée de l'opération : 8 minutes aller, 3 minutes et demi de dépose, 8 minutes retour. 
Un peu avant de partir travailler, je recevrai un tout aussi bref message indiquant qu'il avait pris la route.

Nous sommes rôdés. C'est déjà son quatrième voyage scolaire, à son plus grand plaisir, après la ferme (CE2), le ski (5^ème) et le VTT (3^ème).
Pour celui-ci ma contribution s'est résumée à signer une autorisation de sortie et quelques chèques au début et à faire office de pense-bête la veille du départ (dentifrice ? ok ! ; caleçons ? ok ! ; carte d'identité ? euh... argh ! tiens ton passeport !).

Avec lui, c'est facile. Il est partant, il est confiant.
Certes, il ne sait toujours pas dire "au revoir" mais il s'améliore. Peut-être comme si écourter le moment de la séparation, la banaliser revenait à ne pas se quitter complètement (psychologie de bazar, bonsoir). 
On n'a aucune nouvelle de lui pendant ses séjours, aucune autre nouvelle que les bulletins périodiques officiels : "Tout va très bien bien, Madame la Marquise chers parents."
Puis au retour, il distille les récits et les anecdotes au fil des jours, semaines, voire des mois qui suivent car ils sont le plus souvent motivés par des circonstances, des situations qui provoquent chez lui des associations d'idées et réveillent ses souvenirs.

Ces voyages sont une chance pour lui de souffler un peu loin de sa famille, de s'émanciper, de partager toutes sortes d'expériences avec ses camarades et de se créer des souvenirs et d'apprendre autrement ; une chance pour ses parents de côtoyer un être si bien disposé et flexible.