Vacances d'hiver au ski - J5

En ce cinquième jour, la fatigue physique commence à se faire sentir : on a mal aux genoux, des courbatures aux bras, dans le dos et les abdos. Mais l'envie est intacte chez 4/5 de la famille. Le cinquième, qui ne skie qu'une demi-journée chaque jour, se laisse entraîner à condition qu'on ne lui en demande pas plus que nécessaire. Comme il est bien élevé, il dit d'abord que pour sa sortie quotidienne, il suivra sa mère sur la piste bleue d'apprentissage. Ce qu'il fait sur deux descentes. Après quoi, la Grenabée piaffe d'impatience exprime l'envie d'emprunter les télésièges pour se confronter à des pistes plus techniques donc plus intéressantes. C'est alors que le miracle se produit : son frère accepte spontanément de l'accompagner. Une activité en tête-à-tête avec sa sœur, dont il prend donc la responsabilité, dans un milieu qui n'est pas familier et potentiellement à risque. Non seulement il accepte volontiers mais il paraît content de le faire. Le fait est que tout s'est bien passé et qu'ils se sont parfaitement entendus. Comme quoi les moments de grâce existent. 

L'après-midi, la Grenabée s'est fait escorter jusqu'à son cours par son plus grand frère et sa mère. Comme ils sont arrivés en avance, le très grand Scarabouil s'impatientait. Comme il est bien élevé mais pas complètement assujetti à ses parents et suffisamment indépendant mais soucieux de son entourage, il s'est vite jeté dans les télésièges après s'être assuré que personne n'avait besoin de lui.

Pendant que les enfants partaient à l'assaut des sommets, leur vieille mère toujours prudente continuait de peaufiner sa technique personnelle sur les petites pistes bleue et vertes du front de neige. Cela lui convenait plutôt bien mais entre les colonies, le centre de loisirs, les cours de ski et les classes de neige, le temps d'attente au téléski et le taux croissant de la fréquentation de ses pistes préférées ont eu raison de sa patience. Alors, pour perdre l'impression de perdre son temps, elle s'est entraînée au pas patineur. Du moins, elle a essayé, parce que le pas patineur, ni son cerveau ni son corps ne l'ont compris. C'est donc une lutte de tous les instants contre l'inaccessible. Au bout du compte, elle a dû réussir une dizaine de pas à la suite, ce qu'elle est depuis incapable de reproduire. 

Le soir, la Grenabée a insisté pour assister à la descente aux flambeaux des moniteurs de ski, à la suite de quoi elle a elle-même participé à la descente aux lampions des enfants. Pendant ce temps, son père, sa mère et son plus grand frère se transformaient doucement mais sûrement en statues de glace. Stoïquement, ou presque. Ils n'ont pas eu assez de la nuit pour se réchauffer complètement.