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L'esprit de compétition

Chaque année, nos trois enfants font une activité sportive. Certaines donnent lieu à des galas, comme la danse ou le cirque, d'autres peuvent amener à des compétitions, comme l'équitation ou le badminton.
Les galas, c'est sympa, c'est festif, on donne le meilleur de soi pour que le spectacle soit réussi mais cela ne suscite pas de classement, ni même d'évaluation de niveau.
Les compétitions ou les évaluations impliquent davantage : en participant à une compétition, on se confronte à d'autres, comme à soi-même. Elles donnent lieu à des résultats, un classement, autrement dit, un jugement de valeur.

Bien qu'il ait fait 4 saisons d'équitation et atteint un certain niveau, le grand Scarabouil n'a jamais voulu passer ses galops, et nous ne l'y avons pas forcé. Mais peut-être aurions-nous dû, car depuis qu'il a abandonné, il retient seulement qu'il était nul, ce qui n'est objectivement pas le cas mais nous n'avons pas de preuve à l'appui de nos arguments. Et cette année, en badminton, il n'a participé à aucune compétition, alors qu'il ne démérite pas et que cela aurait pu être l'occasion pour lui de mieux apprécier ce sport, en sortant du cadre des cours techniques.

Le cas du moyen est différent, il voudrait tout faire, aime tout de prime abord avant de tout détester parce qu'il faut répéter les mêmes mouvements sans cesse pour les maîtriser parfaitement. Pourtant, en continuant de répéter inlassablement, il verrait qu'il serait capable de choses inouïes.

Aucun de nos enfants n'aime la compétition. Sauf la Grenabée. Elle, est inscrite dans un club de gym. L'année dernière, à la fin de la babygym, elle avait participé à la coupe interne Panda, qui s'était avérée plutôt une évaluation de son niveau. Elle a rempilé cette année, dans le groupe des pré-poussines. Comme l'année précédente, elle a participé à la compétition interne, la coupe Albo (du nom du club). Mais au contraire de la dernière saison, ces évaluations se sont déroulées dans les conditions de la compétition, les enfants étant notés non seulement sur leurs performances techniques mais aussi sur leur bonne maîtrise des codes de la compétition : présentation au jury, attitudes, etc.
L'état d'esprit général était donc très différent.

Dans mon ignorance, j'avais briefé ma petite gymnaste en orientant mon discours sur faire de son mieux, donner le meilleur de soi-même afin de ne rien regretter, bien écouter les consignes et les conseils des entraîneuses pour obtenir une médaille récompensant ses efforts.
Elle avait l'air d'accord sur le principe, mais sur site, elle n'en a fait un peu qu'à sa tête
(pour changer... humm...). Si on la sentait concentrée et consciencieuse sur la réalisation de ses enchaînements, elle a ostensiblement ignoré les codes réglementaires, saluant le jury à la va-vite (quand elle daignait le faire). Sachant par ailleurs que, sur un même agrès, les petites compétitrices n'étaient pas notées sur les mêmes enchaînements, certaines partaient déjà avec un certain nombre de points de retard sur les meilleures, que les conditions de la compétition ne leur permettaient pas de rattraper.

Bref. Sur 31 petites filles inscrites à la compétition, la Grenabée a été classée 27ème. Objectivement, ce n'est pas terrible. Cependant, seuls les scores des quatre premières (dont deux premières ex-aequo) ont été annoncés, très serrés. Du coup, on ne sait pas si notre gymnaste était vraiment dans les choux ou si ses résultats peuvent être considérés comme honorables. On ne sait pas. Ce qu'on sait, c'est qu'elle a eu le mérite de se présenter à cette compétition, qui n'était pas obligatoire. Elle est fière d'avoir reçu une médaille. Et elle est contente de ce qu'elle a réalisé, affirmant qu'elle a bien fait de son mieux.

Peut-on dire qu'elle a l'esprit de compétition, à 5 ans et demi ? En tout cas, elle n'a pas été dérangée de se confronter à ses pairs, et je pense pouvoir dire qu'elle y a pris du plaisir. Peut-être a-t-elle compris qu'à force d'entraînements, elle apprend, progresse et réussit aujourd'hui des mouvements qu'elle ne savait pas faire au début de l'année...
Si elle persiste dans ce sport, et dans ce club friand de résultats, si elle en a les capacités bien sûr, aura-t-elle la volonté de prendre part à des compétitions ? Sinon, devrons-nous la "forcer" un peu ? Ce n'est pas dans mon tempérament, mais je pense que son père souhaiterait la pousser vers l'excellence
(à condition qu'elle en ait le potentiel, évidemment).

Nous n'en sommes pas là, mais la question de la ténacité et de la persévérance dans une activité donnée revient régulièrement au sujet de nos garçons qui découvrent une activité nouvelle à chaque rentrée et ne souhaitent jamais la poursuivre l'année suivante. Du coup, même si cela leur permet de tester différents sports, cela les empêchent d'en apprécier un plus qu'un autre. En effet, ils ne pratiquent à chaque fois que l'année "découverte", celle où l'on passe plus de temps à apprendre les techniques de base qu'à faire des matches. C'est bien normal, mais du coup, ils trouvent toutes les activités ennuyeuses. Ils n'ont pas encore compris que mieux on maîtrise la technique d'un sport, plus on en retire du plaisir. Mais pour arriver à ce stade, il faut en passer par l'apprentissage répétitif, appliqué et fastidieux des gestes techniques.
Ils ne l'ont pas compris et jusqu'à présent, nous les avons écoutés. Mais est-ce une bonne chose que de les conforter dans cette "facilité", de privilégier la notion de plaisir de jouer et ainsi de ne pas leur donner le goût de l'effort et leur apprendre que la ténacité permet de se surpasser et d'être fier de soi ?

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Nanie

Femme de prof, mère de deux Scarabouils et d'une Grenabée, je dépose ici les aléas et anecdotes qui feront les souvenirs de notre vie de famille
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F
C'est quoi, l'important quand on fait sport ? Gagner, se surpasser, prendre du plaisir (même si on peut faire les 3 en même temps) ?<br /> Chez nous, on n'est pas pour la compétition (il y en a bien assez dans la vie de tous les jours comme ça), mais on adore voir les galas ou spectacles de fin d'année. Les filles ne s'en plaignent pas et donnent ce qu'elles ont envie de donner dans leur sport. Elles ont rarement fait un sport qu'une année, mais si ça avait été le cas, on l'aurait accepté tant qu'elles ne fassent pas rien.
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N
Nous pensons plutôt comme vous mais c'est un vrai sujet de réflexion... A l'heure des inscriptions, son père pense qu'il ne faut pas la forcer mais elle ne s'intéresse à rien d'autre (normal, elle est encore très jeune). De son côté, l'aîné rêve de passer son temps libre à ne rien faire. Je suis paumée...