13 Décembre 2017
Samedi dernier, il faisait très froid ; il y avait du verglas. En bonne mère attentionnée, j’ai harcelé le grand Scarabouil pour qu’il ne se rende pas à son activité du matin en trottinette comme prévu. En bonne mère inquiète, j’ai même fini par l’y conduire en voiture, avec son frère. Ceci fait, j’ai emmené ensuite la Grenabée chez le médecin pour une otite qui l’avait tenue éveillée et en pleurs jusqu’à 3h du matin. L’ordonnance et l’espoir de la soulager rapidement en poche, je m’apprêtais à boucler la ceinture de la petite malade, quand soudain, ce fut le drame.
Soudain, le bruit sourd et mat de ma tête contre le trottoir, l’incrédulité, les sanglots de ma fille et l’incapacité à me relever seule et immédiatement. Mais ma voix qui essaie de rassurer : « Ne t’inquiète pas, bichette, tout va bien ! ». Tu parles ! Elle n’est pas dupe la Grenabée, alertée par le sang qui coule de mon œil.
Bref, je suis relevée par des passants qui rassurent ma fille et ne nous quittent pas jusqu’à ce que nous remontions chez le doc que nous venons à peine de quitter. Oui, parce que j’ai préféré appeler mon mari plutôt que les Secours et je suis retourné chez le doc pour l’attendre (avec un trou dans la tête, on ne réfléchit pas forcément au mieux de ses capacités). « Ne t’inquiète pas, tout va bien ! ».
Le médecin nettoie ma plaie à l’œil mais le sang continue de couler ; il ausculte mon bras hyper douloureux mais doute qu’il soit cassé. « Ne t’inquiète pas, tout va bien ! ». Peut-être bien, mais « Pourquoi tu n’arrêtes pas de saigner ? ».
Nous attendons le sauveur papa dans la salle d’attente, puis une fois tous les enfants distribués, nous filons enfin vers les Urgences. A la vue de ma figure sanguinolente, l’infirmière de l’accueil nettoie à nouveau ma plaie et me confie une poignée de compresses avec cette instruction bienveillante : « Ne laissez pas trop couler le sang, sinon vous allez faire peur à tout le monde ! » Bien entendu… en attendant, elle n’a pas consigné la suspicion de fracture dans mon dossier, mais je ne le découvre que 2h30 plus tard, lorsque le médecin m’appelle pour soigner enfin mon œil et qu’il me quitte en me disant : « A dans dix jours pour enlever les fils ! »
Et mon bras ? Quel bras ? Celui qui précède mes 5 doigts engourdis, celui qui me fait souffrir jusqu’au coude, celui dont le poignet a triplé de volume depuis la chute. Mais il n‘est question d’aucun bras dans mon dossier d’admission et je suis bonne pour une nouvelle attente de plus de 2 heures mais « Ne t’inquiète pas, tout va bien ! »
Je ressors des Urgences avec 2 points de suture à l’arcade sourcilière et un plâtre pour mon poignet fracturé. J’en ai pour au moins 4 semaines ; en attendant, je m’adapte et apprends finalement assez vite à faire plein de choses d’une seule main, qui n’est pas ma main de prédilection, mais pas tout : heureusement que je ne vis pas seule.
Mais tout cela n’est rien à côté de ces 30 minutes qui m’ont paru une vie où j’ai répété mille fois « Ne t’inquiète pas, tout va bien ! », autant pour rassurer ma Grenabée paniquée que moi-même affolée par le sang et la douleur. 30 minutes où il ne fallait rien laisser paraître. Mais pas sûre d'être un bon robot...
« Ne t’inquiète pas, tout va bien ! »
Femme de prof, mère de deux Scarabouils et d'une Grenabée, je dépose ici les aléas et anecdotes qui feront les souvenirs de notre vie de famille
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